La prévention du suicide auprès des jeunes

Parents, la santé mentale de nos jeunes et la prévention du suicide en particulier est au cœur des enjeux sociaux actuels.

Le Centre de Prévention du Suicide a remarqué, depuis 2020, une augmentation des appels de jeunes de l’ordre de 15% sur sa ligne d’écoute anonyme et gratuite : 0800 32 123. D’après Sciensano, dans la tranche 15-24 ans, plus d’un décès sur quatre est dû à un suicide. À certaines périodes, quatre consultations psychologiques sur dix, au sein de notre centre à Bruxelles, concernent un adolescent. 

Les jeunes cheminent vers l’âge adulte et sont confrontés à de nombreux changements. Les spécificités de cette période charnière sont : l’intensité émotionnelle, le goût du risque, le fantasme sur sa propre mort (sentiment d’éternité) et l’immédiateté (recherche de plaisirs à court terme). Par ailleurs, les scarifications et mutilations traduisent un mal-être qui doit être pris en compte. De plus, le harcèlement scolaire, qui se poursuit via les réseaux sociaux 24h/24, 7j/7, est désormais une réalité. 

Pour les jeunes aux idées suicidaires, le passage à l’acte est souvent envisagé comme une solution définitive à des problèmes temporaires. Le manque de confiance en soi, le climat anxiogène de notre époque ainsi que les pressions sociétales exercées afin qu’ils réussissent, peuvent les impacter émotionnellement.

Les filles sont plus concernées par les tentatives de suicide. En revanche, les garçons décèdent quatre fois plus par suicide que ces dernières, suite à l’utilisation de moyens létaux plus radicaux.

Les adolescents en souffrance qui bénéficient de soutien (famille, amis, activités sportives ou culturelles…) pourront partager leurs émotions avec des personnes susceptibles de les aider. Ceux qui ne disposent pas de tels appuis seront plus exposés. Ils auront l’impression d’être seuls au monde. Notons que les traumatismes pendant l’enfance peuvent aussi expliquer la fragilité d’un jeune et augmenter les facteurs de risque d’un éventuel passage à l’acte. 

Distinguer les signes n’est pas chose facile. Pourtant il est nécessaire d’identifier les changements de comportement. Des liens distendus avec la famille et les amis tout comme le désintérêt des activités jusqu’alors appréciées, les difficultés dans les études, une apparence négligée, les changements dans la personnalité, la tristesse et le désespoir, doivent alerter. L’entourage peut aussi être interpellé par les modifications alimentaires, la perte ou la prise de poids, le sommeil perturbé, l’excès d’énergie ou son absence et les symptômes de dépression. D’autres signes comme la recherche de dépassement des limites, les fugues, la consommation excessive de toxiques (drogues, alcool…) et les troubles somatiques divers sont aussi à considérer. Parfois, une énergie débordante (ou un sourire) s’avère être un leurre. Cela peut dissimuler une souffrance incomprise et non verbalisée.

En somme, il faut savoir reconnaître ces manifestations de mal-être, s’en saisir et les prendre au sérieux.

Il est à souligner, dans tous les cas, que la faible estime de soi alimente le moteur du passage à l’acte. 

Parents, n’hésitez pas à nommer, à évoquer les idées suicidaires et à discuter ouvertement du sujet. Vous n’inciterez, ni ne provoquerez de passage à l’acte. En revanche, le fait que vous soyez ainsi investi aura un effet réconfortant sur l’adolescent en souffrance. S’il pense au suicide, il aura l’occasion d’exprimer sa détresse. C’est un dialogue qui s’ouvre et ainsi un lien de confiance se crée entre vous. Dès lors, des solutions peuvent être mises en place. 

Pour vous aider dans cette démarche, nous vous invitons à consulter notre brochure gratuite et accessible en ligne intitulée "Prévention du Suicide : Ressources pour les parents et proches de jeunes". Vous retrouverez également de nombreux outils de prévention, des conseils et des informations sur les services du Centre de Prévention du Suicide sur le site www.preventionsuicide.be.