Rood lintje aids en hiv

Le VIH a connu d’importants progrès, mais l’image que nous en avons est restée bloquée

Il existe aujourd'hui un traitement efficace qui supprime le virus VIH de telle sorte qu'il ne peut plus être transmis. Il est donc grand temps d'actualiser notre ancienne image du VIH. Notre guide est Thierry Martin, le directeur de la Plateforme Prévention Sida

Rood lintje aids en hiv
  • Le VIH, c’est quoi ?

    Thierry : « Le VIH est le virus de l’immunodéficience humaine. Il s’attaque aux cellules du système immunitaire, en particulier aux lymphocytes T CD4, qui protègent le corps contre les attaques des maladies et autres infections. Si le VIH n’est pas traité, le virus continue à se multiplier et, après plusieurs années, provoque le sida, une maladie qui affecte le système immunitaire. Le système immunitaire est alors tellement affaibli qu'il ne peut plus se défendre. Une infection ordinaire peut alors mettre la vie en danger. »

  • Que veut dire « être séropositif ». Comment le VIH se transmet-il ?

    Thierry : « Une personne est séropositive lorsqu’elle a été infectée par le VIH. Le VIH peut être transmis par des contacts sexuels non protégés avec une personne infectée, des contacts sanguins, avec du matériel d’injection infecté  ou de la mère à l’enfant... lors de la grossesse, lors de l’accouchement ou lors de l’allaitement. »

  • Évolution : des années 1980 jusqu’aujourd’hui ?

    Thierry : « Lorsque le virus est apparu au début des années 1980, il n'y avait pas de traitement. Des millions de personnes dans le monde ont été infectées et la plupart sont mortes du sida. Dans les pays occidentaux, la communauté gay a été particulièrement touchée.

    En 1996, une thérapie combinée d'inhibiteurs de virus très lourds est devenue disponible. Le traitement était composé d’une dizaine (ou plus) de pilules et n'était administré que lorsque le système immunitaire était très diminué.

    De 1996 jusqu’à présent, la situation a fortement évoluée. Un cocktail très efficace a été mis au point, dans lequel de nouveaux inhibiteurs de virus sont combinés en une seule pilule. Le médicament est administré dès le diagnostic afin d’améliorer la qualité de vie et la santé des patients afin de casser les chaines de transmission du virus. Les personnes séropositives qui prennent leurs médicaments ont une quantité de virus tellement faible dans le sang qu'elle devient indétectable. Le VIH ne peut donc pas être transmis, même lors de rapports sexuels sans préservatif.

    Attention : Si vous avez des rapports sexuels sans préservatif, vous courez toujours le risque de contracter d'autres infections sexuellement transmissibles (IST), comme la chlamydia... »

  • La situation aujourd’hui ?

    Thierry : « La Belgique a atteint, et même dépassé, l’objectif 90-90-90 de l’ONUSIDA (Organisation Mondiale de Lutte contre le Sida). Ça veut dire que 90 % des personnes séropositives savent qu’elles sont séropositives – parmi ces 90 %, 90 % prennent un traitement – et parmi ces 90 %, 90 % ont une charge virale indétectable.

    Ceci prouve qu’en Belgique on arrive bien à gérer le VIH. Néanmoins, il y a encore des efforts à faire, notamment au niveau du dépistage puisqu’on estime qu’environ 1.800 personnes sont séropositives mais ne le savent pas. L’enjeu est donc de dépister ces personnes puisque ce sont elles qui contaminent d’autres personnes sans le savoir. »

  • La stigmatisation est encore un frein important ?

    Thierry : « La stigmatisation aujourd’hui met un frein important à la prise en charge efficace du VIH. Sur le terrain, on continue de constater des discriminations dans tous les domaines de la vie, au niveau professionnel ou dans le domaine médical par exemple. Une enquête menée il y a quelques années montre que 13 % des personnes séropositives se sont vues refuser des soins à cause de leur séropositivité. »

     

« Le VIH, une maladie sociale plus qu’une maladie physique »

Charlotte Pezeril, directrice de l'Observatoire du SIDA et des sexualités, a identifié plusieurs situations problématiques sur base de 141 plaintes et 18 entretiens.* Nous en citons quelques-unes.

*Une actualisation qui a eu lieu entre 2014 et 2019 montre qu’on est toujours sur une quinzaine de cas dénoncés par an. Comme il s’agit de cas dénoncés, ce chiffre n’est absolument pas représentatif de l’ensemble des discriminations. Le rapport complet et le résumé sont consultables sur www.observatoire-sidasexualites.be

symbole bandeau rouge Lutte contre le Sida
  • Au travail, être séropositif reste problématique ?

    Charlotte : « Près d’un quart des plaintes sont liées à l’emploi. Les personnes séropositives témoignent des licenciements, des non-renouvellements de contrat, d’un harcèlement progressif ou d’une mise à l’écart qui surviennent après la divulgation de leur séropositivité. Souvent, il s’agit de travailleurs / travailleuses qui vont révéler leur séropositivité parce qu’ils se sentent en confiance avec leurs collègues et leur patron, ce qui rend la situation encore plus dure pour eux. »

  • Soins de santé

    Charlotte : « En ce qui concerne les soins de santé, les personnes séropositives ne parlent généralement pas de refus nets, mais elles sont souvent renvoyées vers un collègue en disant qu’il est plus compétent ou on leur propose de reporter les soins en fin de journée, en raison de la désinfection du matériel qui fait pourtant partie des règles d’hygiène universelles. »

  • Stratégie du silence

    Charlotte : « Afin d’esquiver ou anticiper les discriminations, certaines personnes séropositives adoptent une stratégie du silence et ne divulguent pas leur statut sérologique. Il y a même des personnes qui vont prétexter une autre maladie pour justifier leur fatigue ou leur absence en raison d’une visite chez leur médecin. ».

  • Une maladie sociale plus qu’une maladie physique

    Charlotte : « Beaucoup de personnes sont convaincues que le VIH aujourd’hui est une maladie sociale plus qu’une maladie physique. Le plus lourd à gérer, ce n’est pas le traitement à vie, mais le regard des autres. »